C’est presque le contre-poids de ma précédente entrée.
Motamoter est un mot camerounais qui signifie « répéter mot à mot, faire du mot à mot sans compréhension » (définition du wikitionnaire). Je l’ai découvert sur instagram dans une publication qui listait des « mots issus de la francophonie dont vous aurez peut-être l’usage ». J’avais, effectivement, un usage pour « motamoter ». L’adoption fut immédiate.
« Réciter » existe aussi, certes. Mais il y a dans « motamoter » une autre dimension au « par cœur » : celle de l’absence de compréhension.
Quand on récite, c’est souvent dans un cadre qui s’y prête : on est actaire et on apprend une pièce qu’on devra jouer plus tard (et pour la jouer il faut aussi la comprendre, pour la rendre avec justesse et pas seulement placer les mots dans l’autre), on est enfant et on doit connaitre nos tables de multiplication (ce qui ne nous dispense pas de comprendre la logique expliquant que six fois sept étale quarante-deux, sans quoi on ne saura pas comment utiliser cette information dans un problème mathématiques concret), on débarque dans un groupe et on doit apprendre les noms et prénoms des membres (y’a pas de logique particulière, c’est juste comme ça, à nous de trouver comment retenir), on est étudiantt et on doit intégrer certains savoirs pour qu’ils deviennent des automatismes (du vocabulaire nouveau dans une langue étrangère, le nom de tous les os du squelette humain, des articles juridiques, que sais-je)…
Ce n’est pas un mal de réciter, il y’a du bon au par cœur, on a besoin de former nos réflexes.
Ce n’est pas de cela que je veux parler.
Je voulais un mot pour parler de quand la récitation n’est là que pour signifier « t’as vu, j’ai bien appris ma leçon », sans qu’il y ai la moindre compréhension ou réflexion derrière.
Plus spécifiquement, je veux un mot pour parler de comment (particulièrement dans les milieux militants) on arrive à promouvoir une culture où l’on a peur de (se) poser des questions : une culture donc où l’on préfère motamoter des réponses toutes faites.
J’y vois un stade ultime de la performativité : la norme actuelle, dans les milieux militants de gauche, c’est de dissuader la réflexion. Le focus est mis, non pas sur le processus (il ne s’agit pas de pertiner) mais sur le résultat (il faudrait, immédiatement et avant même d’avoir pris le temps de se poser la moindre question, être pertinentt).
Bien sûr, cela n’est pas dit frontalement, d’autres injonctions d’apparence contradictoires viennent complexifier l’observation : ceusses qui émettent des opinions « problématiques » sont sèchement intiméés à « se déconstruire » (c’est à dire à réfléchir aux biais qui les induisent en erreur). Mais dans cette réprimande-même (qui prend parfois la forme de véritables campagnes de harcèlement, qui ont vertu d’exemple pour les autres) on dissuade la pensée : s’il est dangereux de se tromper, autant ne pas essayer, se contenter de suivre sagement l’avis « safe » dicté par quelques gourous (pardon : influençaires).
Alors on motamote. Et c’est la peur qui dicte cette conduite : peur d’être l’ennemi, le problématique, le monstre. Peur d’être excluus, mépriséés ou puniis pour avoir émis le mauvais jugement. Pire : peur d’avoir posé la mauvaise question (car les questions, elles aussi, peuvent être irrespectueuses).
Bien sûr, cela ne vient pas de nulle part : les réacs sont fortts pour utiliser certaines questions comme des dog-whistle et orienter les débats dans des directions qui les avantagent. Mais justement : iels sont gagnantts parce qu’iels inventent des réponses aux questions que les gens se posent et auxquelles nous refusons de penser. Typiquement par exemple : tout ce qu’on a à dire sur les détransitions, c’est qu’elles sont extrêmement rares, que les gens regrettent plus souvent d’avoir eu des enfants, et que donc ce n’est pas la peine d’y penser. Ou encore : le discours sur la culture des callout qui pousse tant de nos soeurs trans vers la solitude, la dépression voir le suicide, c’est que ça n’existe pas, la preuve, Polanski va très bien.
Ces sujets là et bien d’autres (qui impliquent que l’on regarde nos peurs, nos angles morts ou bien les violences dont on se rend coupable nous aussi en dépit de nos bonnes intentions) nous n’en parlons pas car nous avons peur d’en parler. Et cela nous paralyse.
La peur nous fait mettre des oeillères. Il faut urgemment inventer des justifications pour ne surtout pas avoir à regarder certaines choses en face, ne surtout pas avoir à réfléchir.
Or où va-t-on, si on ne pense pas ? (ou si on délègue la pensée à une poignée d’influençaires ?)
Cette justification à l’absence de réflexivité, si répandue qu’elle est devenue la norme de nos milieux militants, se base sur un slogan tout simple : « il faut écouter les personnes concernées / croire les victimes ».
C’est une affirmation qui a du vrai. Bien sûr, quand quelque chose est notre quotidien, cela nous informe, et il y a de grandes chances que notre opinion soit plus juste que celle issue d’un regard parfaitement extérieur. Si l’on me demandait, par exemple, ce qu’il faut emporter pour traverser la France à pied sur les chemins de grande-randonnée, je pourrais tenter de me renseigner pour vous. Mais quelqu’un ayant déjà entrepris une telle aventure aurait sûrement de meilleurs conseils : ses retours ne seront pas seulement théoriques, mais aussi pratiques, appliqués, testés.
Et cependant ce n’est pas une vérité absolue. Ce n’est pas parce qu’on est concerné par quelque chose qu’on a forcément raison, et ce n’est pas parce qu’on est extérieur à quelque chose qu’on a forcément tord. Pour reprendre mon exemple : peut-être que, même sans avoir jamais traversé la France à pied, le sujet me passionne. Imaginez que je suive assidûment des centaines de blogs sur les grandes traversées pédestres : peut-être alors aurais-je des retours plus intéressants à faire que cette autre personne, habituée des treks, mais toujours persuadée que les produits dont elle a l’habitude sont les meilleurs, sans avoir aucune idée de ce qui se fait d’autre (de mieux, de plus adapté à vos besoins spécifiques ou à votre budget, etc).
En vérité, nous savons toustes que les concernéésTM n’ont pas toujours raison. Sans quoi, il n’y aurait pas de femmes sexistes, pas d’homophobie internalisée chez les LGBT, pas moyen pour les réacs de trouver des « amis noirs » pour cautionner leur racisme. Et puis quand bien même : nous ne sommes pas homogènes, on n’est pas toustes d’accord sur tout entre nous (et il n’est pas souhaitable qu’on le devienne).
Mais le croire est rassurant.
Si les concernéés, les victimes, les fragiles, les discriminéés, les marges… ont toujours raison, alors pour peu que l’on appartienne à ces catégories, on a la « garantie » de ne pas pouvoir se tromper, et donc, de ne pas risquer d’être puniis en raison de nos erreurs.
Ceci à deux conséquences majeures (qui sont liés mais peuvent s’analyser séparément) :
La première, c’est qu’il y a une essentialisation du statut de victime discriminée : il faut en être une pour avoir raison par défaut et être protégée de l’opprobre. Aussi, cela cesse d’être une réalité factuelle (dont on espère s’extraire, parce que ce n’est pas fun de subir violences et discriminations) pour devenir un statut que l’on revendique, un pouvoir auquel on s’accroche (si tout ce que je construis repose sur l’idée que je suis une victime discriminée, alors qui suis-je si ma situation s’améliore ?). Dès lors, puisqu’il y a des enjeux de pouvoir, cela pose aussi la question de qui peut en bénéficier. Or de fait, toutes les discriminations ne permettent pas de gagner un badge d’immunité « par défaut j’ai raison » : certaines personnes sont renvoyées à des privilèges fantasmés, comme les meufs trans perçues à l’aune de leurs « socialisation masculine » (quand bien même, en tant que femmes et en tant que personne trans, elles ne bénéficient absolument pas de l’impunité que le patriarcat permet aux hommes). Il y a donc des enjeux de queerphobie, de racisme, de validisme et de classisme qui font que certaines personnes font de bonnes victimes discriminées qu’il faut croire et écouter (des femmes, ou personnes afab qui revendiquent sans arrêt leur assignation de naissance, blanches, et maitrisant les codes des milieux militants) et d’autres non.
La seconde, c’est que tout cela nuit à notre capacité à convaincre.
À force de ne pas réfléchir, on ne sait plus vraiment expliquer nos opinions. On les sait justes (ou on les croit justes parce qu’elles sont largement défendues par notre « communauté »), mais on ne sait pas répondre aux questions des personnes extérieures à nos milieux.
Car les gens se posent des questions. Et c’est bien, c’est sain qu’iels le fassent. Leurs questions sont sûrement maladroites, puisqu’elles révèlent leur ignorance, mais s’iels les posent, c’est qu’iels ont la curiosité de savoir et de comprendre.
Leur dire « c’est comme ça parce que je le dis, or je suis concernéé, donc j’ai raison et y’a pas à discuter » ce n’est pas et cela n’a jamais été un argument recevable.
Les gens qui ne sont pas convaincuus par de tels discours ont raison de ne pas l’être. Iels ont raisons de vouloir réfléchir.
De notre côté, si on ne sait pas comment leur répondre, ou si on n’a pas le temps/l’énergie de le faire, on est en droit de répondre « je ne sais pas / je ne veux pas t’expliquer la vie maintenant ». On a le droit de ne pas savoir. On a le droit d’avoir d’autres priorités que faire de la pédagogie.
Mais je vois trop souvent des gens répondre « t’es pas concernéé apprends juste à te taire » (Une variante, plus subtile, est de dire « de toute façon t’es X-phobe » pour vite décrédibiliser l’autre et couper court à tout débat. On rappelle largement, ensuite, que ce qualificatif n’est pas sensé être une insulte, mais on l’utilise exactement comme tell la moitié du temps).
Au final, non seulement on s’empêche de réfléchir (pour quoi faire, on est concernéés, on a forcément raison !), mais on empêche aussi nos potentiells alliéés de le faire : de quel droit ? Ça ne les regarde pas ! qu’iels se contentent donc de motamoter nos discours, oh !
Vous me direz (à raison) : ce n’est pas juste ! Les réacs motamotent aussi ! C’est même à cela qu’on les reconnait : Les transphobes qui partent dans des paniques morales ne comprennent absolument pas de quoi iels parlent quand iels répètent en boucle qu’il faut protéger les enfants. Pourquoi estimes-tu que cette malhonnêteté intellectuelle leur bénéficie, mais qu’elle nous nuit quand on fait la même chose ?
En fait, dans les deux cas, il est question des histoires qu’on se raconte à soi, pour s’aider à aller mieux. Et ce ne sont pas exactement les mêmes histoires selon le bord politique où l’on se place.
Je discutais justement ce weekend de ce type d’histoires avec mon amie Ketty Steward, qui me rappelait qu’elles existent pour une raison. Personnellement, j’ai tendance à trop voir de quelles manières elles peuvent servir de justification à des violences, mais cela ne veut pas dire qu’elles sont en soi néfastes. En fait, d’un point de vue personnel, elles existent pour nous aider à surmonter les épreuves de la vie. Elles nous sont donc, de ce point de vue interne, bénéfiques.
Les discours qu’on (les êtres humains en général) motamote sont des histoires qui nous aident à conjurer nos peurs, à trouver un sens à ce qui n’en a pas (les injustices, les blessures, etc), à apaiser notre sentiment d’impuissance. On se les répète sans trop y penser car réfléchir implique de voir la dure réalité du capitalisme (réalité face à laquelle nous sommes impuissantts)
Il est plus facile de désigner des coupables précis, puissantts mais clairement identifiables, donc attaquables (contrairement aux idées et aux concepts trop immatériels) (À gauche, on est sensé savoir que les problèmes sont systémiques, mais on a du mal à s’y tenir, justement parce que c’est douloureux, alors on fini aussi par désigner des boucs émissaires. Juste : pas les mêmes). Il est plus confortable de se figurer au dessus du lot : nous, on a compris, on est de ceusses qui savent.
À droite, iels identifient leurs boucs émissaires sur base de leurs identités (iels sont persuadéés de toujours pouvoir les connaitre, rien qu’en regardant). Une fois éliminé cette marge (encore qu’à l’occasion s’il est possible de prendre un homo pour taper sur un noir, ou réciproquement, iels ne vont pas se priver), iels ont également clairement identifié un vivier de « recrues potentielles » qu’iels confrontent sur le plan de leurs idées, qui peuvent changer.
À gauche, on est les minorités, c’est à leurs idées qu’on identifie nos adversaires. Or, puisque personne (y compris nous-mêmes, si on voulait être honnêtes) n’est à l’abri de dire une énorme connerie, tout le monde est un ennemi potentiel. D’où, donc, pour conjurer cette vision terrifiante, l’histoire rassurante des « concernéés qui ont toujours raison, par opposition aux privilégiéés qui ont toujours tort ». Partant de là, on se retrouve à traiter les gens comme des menaces sur base de leurs identités (iels ont des privilèges). Identités qu’iels ne peuvent pas changer.
Le résultat c’est que les mots de bienvenue envoyés aux personnes randoms (aka qui n’ont pas encore trop réfléchis à la politique, qui sont a priori pas trop discriminéés même s’iels peuvent l’être un peu, tant qu’iels ne cumulent pas ou sont dans divers placards) disent respectivement :
- À droite : « Rejoins-nous, on sait que tu te poses des questions et nous on a les réponses. On va tout t’expliquer et ensuite tout ira mieux dans ta vie. Pis tu seras libre, car ici on respecte la liberté d’expression »
- À gauche : « T’façon tu comprends rien et tu pourras jamais rien comprendre car tu vis pas ce que nous on vit. Alors apprends juste à te taire à notre profit. Sinon t’es qu’une merde »
Bien sûr, l’accroche de droite est une imposture (les « réponses » sont des théories du complot bardées de préjugés, les « explications » sont des tissus de mensonges, l’amélioration promise est un mirage, et la liberté d’expression n’est qu’une couverture pour leurs appels à la haine). Mais aux yeux d’une personne qui ne le sait pas : ça a quand même l’air plus engageant.
Alors oui : tout ceci est profondément injuste. On devrait nous aussi pouvoir continuer de se bercer de nos histoires rassurantes sans que cela ne revienne à tirer contre notre propre camp.
Et encore, y’a plein d’autres mécanismes qui expliquent de quelle manière la droite radicalise les normies (pour reprendre la tournure de innuendo studio, dont je vous recommande la série, toujours en cours, « The alt-right playbook » si vous voulez en savoir plus sur ce sujet). Notamment, y’a plein de dynamiques liées au fait que la droite se moque de la vérité, de l’éthique, du bien-être réel de ses adeptes. Elle ment, et elle se fiche de mentir. Partant de là, rien n’empêche ses discours d’être aussi simples et aussi séduisants que nécessaire.
Mais si la droite est séductrice, je crois qu’on pourrait au moins s’arranger pour ne pas rejeter nos alliéés potentiells directement dans les bras de ceusses qui veulent notre mort. Cessons d’entretenir ce cercle vicieux où les alliéés n’existent pas car on ne leur a jamais vraiment donné (collectivement) la possibilité d’exister.
(Sérieux j’ai vu des alliéés culpabiliser d’être considéréés/invitéés/estiméés, et être rassuréés qu’on leur explique « non mais toi t’es notre caution privilège ». C’est d’une tristesse insondable : se réjouir de sa propre déshumanisation, accepter comme vérité absolue que notre opinion ne vaut rien et ne vaudra jamais rien. Déso mais ça c’est pas être un alliéé, c’est être un pot de fleurs. C’est décoratif, ok. Mais si t’as pas la place de réfléchir, que donc en cas de conflit intracommunautaire tout ce que tu peux dire c’est « oh je sais pas, vous avez toustes infiniment plus raison que moi de toute façon alors comment pourrais-je me prononcer ? », on va pas aller loin)
Bien sûr, il n’est pas exclu que dire « si on œuvre pour permettre le dialogue et la réflexion en laissant aux gens la possibilité de se tromper et de poser des questions cons (question que les réacs utilisent ptet comme des dog-whistle par ailleurs), alors il sera plus facile d’avoir de vrais alliéés » ne soit qu’une histoire alternative pour nous rassurer : après tout, penser ainsi donne des leviers d’action (il y a quelque chose que l’on peut faire pour améliorer la situation), donc un sentiment de contrôle.
Mais il se peut que « se raconter des histoires » soit de toute façon indispensable (ou souhaitable, comme elles existent pour nous aider à vivre). Or j’ai trop souvent été victime ou témoin de l’histoire actuellement dominante du militantisme qui veut que « les personnes concernéés aient toujours raison ». Elle ne marche plus du tout sur moi. Je n’en vois que les tares. Je suis tout à fait disposéé à tenter autre chose.
Je ne dis pas que les résultats seront spectaculaires. Je n’en sais rien. Il y a sûrement d’autres facteurs.
N’empêche que je ne suis pas seull à constater qu’on obtient de meilleurs résultats quand on humanise les gens. Lou Fleur-de-Sel avait donné des exemples concrets dans son article « Les queer ne veulent pas vraiment se défendre, iels veulent juste qu’on les plaigne ».
Et de toute façon, on ne perd rien à essayer.
Je crois même qu’on a tout à y gagner. Car au delà des personnes extérieures à nos vécus qui pourraient ou pas nous aider, cela nous permettrait surtout, en tant que bénéficiaires des mouvements militantts, d’évoluer dans des milieux dans lesquels on pourrait se sentir émuléés et non pas paralysés par la peur de mal faire.
Notre norme militante actuelle valorise le fait d’avoir des opinions valides, claires et pertinentes… ce qui conduit à prendre de haut quiconque n’a pas « fini de se déconstruire ». Or, puisqu’on n’a JAMAIS fini de se déconstruire (peu importe à quel point on est « concernéé »), on crée une culture angoissante, où l’on craint toujours de dire un mot de travers et d’être jetéés dans la fosse aux loups. Cela nous dissuade de réfléchir (puisque pour mener correctement une réflexion, il faut accepter d’aller explorer des fausses pistes) et nous encourage à motamoter : l’important, c’est moins de comprendre ce qu’on dit que de montrer patte blanche. Il faut faire savoir qu’on est de ceusses qui savent les mots justes, déjà admis et scandés par le reste de nos paires.
Pour moi, il est clair que cela ne fonctionne pas.
À quelle finesse supplémentaire pourrait-on accéder si l’on était davantage à pertiner, à mettre en communs nos réflexions, à partager nos fausses pistes et nos découvertes ?
Quelles problèmes internes aurait-on déjà résolu si on s’autorisait à faire des erreurs, à être « problématiques » parfois, et, ainsi, à faire notre auto-critique ?
Nous avons besoin de prendre en compte la complexité du réel, ce qui implique de nous reconnaitre comme les être imparfaits que nous sommes. On a le droit d’être un peu nulls, d’avoir des peurs irrationnelles, des idées de merde à l’occasion, de ne pas savoir certaines choses. On peut même assumer de ne pas avoir d’opinion sur certains sujets, c’est ok, on ne peut pas être expertts en tout. Rien de tout cela n’est un problème tant qu’on continue de se remettre en question et d’être au clair avec nous-même.
Je disais l’autre jour qu’il nous fallait apprendre à pertiner, c’est à dire à oser poser des questions et emmettre des hypothèses de réponses.
Mais j’ai conscience que cela n’est pas inné, il ne suffit pas de le décider « à partir d’aujourd’hui, je pertine ». Il faut créer un cadre qui rend cette réflexion possible. C’est trop facile de dire « réfléchissez un peu » sans prendre le temps de reconnaitre quelles conditions matérielles font obstacle à la réflexion. Or je crois que le mot « motamoter » m’aide à poser ce contexte.
L’échec, le véritable échec, ce n’est pas « dire un mot / faire un geste de travers », c’est ne plus douter, se réduire soi-même à motamoter.
Si vous avez aimé cet article, vous pouvez me soutenir !