Safe : Le coffre-fort ou la sureté ? L’enfermement ou le confort ? Le dégout ou l’amour ? Il n’y a pas de juste milieu, seulement une position paradoxale qui est à la fois le pour et le contre, tout et son contraire.
Le roman, ou bien était-ce un poème, se lit comme on observe le monde, pas vraiment certain de le comprendre mais l’acceptant malgré tout, voulant en savoir plus, supposant. On découvre le personnage comme un être de chairs et de sang, en se posant des questions que l’on n’adresse pas. Le récit est haché, donné bribe par bribe. La hache est partout, dessinée entre chaque paragraphe, attendant d’être utilisée, pas certaine de vouloir l’être.
Qu’elle rêve de briser les murs ou de rester enfermée, la narratrice est en nage au réveil. Elle meurt d’ouvrir enfin une brèche, se détruisant elle plutôt que l’obstacle. A moins qu’elle ne soit l’obstacle.
Je me cognerais incessamment contre tout mur visible ou invisible contre toute porte fermée que je préférerais tenter d’enfoncer plutôt que de l’ouvrir
Pouvait-elle supposer qu’avec mon caractère exalté, j’adorerais la peur comme un premier amant, comme une jeune religieuse aime le dieu à qui elle a voué sa vie ? Je l’aimerais par fidélité à la voix de ma mère, pour ne jamais remettre en cause les protections nécessaires érigées autours de mon corps si précieux. Je l’aimerais avec le désespoirs d’une femme trahie, qui n’a reçu de son amour que déception et vexations. Je l’aimerais comme on déteste ceux avec qui on a trop longtemps vécu
A première lecture, j’ai trouvé ce passage déconnecté du reste de l’histoire, et puis j’ai pensé qu’il en était en fait le parfait résumé…
Aimer la peur, la contempler sans chercher à la surmonter, au risque de la faire disparaitre.