Marcher est toujours à mes yeux une occasion de composer des dialogues. Face à un opposant imaginaire, je m’échauffe, j’argumente, j’affute un sens de la répartie purement fictif, et ce faisant, si vient le moment de jurer, j’aime à employer mes propres expressions.
Je choisis des mots tels que salopette, cacahouète, pirouette, trottinette, tartiflette, alouette, silhouette, gariguette, étiquette ou triathlète, en bref des noms en fêtes, préférentiellement trisyllabiques, que je marie parfois avec un adjectif n’adjoignant que confusion. J’obtiens alors des exclamations saugrenues :
Nom d’une allumette enguirlandée !
Nom d’une galipette pralinée !
Nom d’une chouquette marinée !
Nom d’une bicyclette sucrée !
Nom d’une casquette saturée !
J’aimerais donner cette manie à un de mes personnages, mais j’ai conscience qu’il perdrait alors toute crédibilité. C’est sûrement je pense ce qui me plait le plus : l’idée que mes pensées sont invraisemblables.