
Il y a des livres, on les voit passer, et on se dit immédiatement « celui-là, il est pour moi ».
Il est rare que je demande des services presses, car je n’aime pas écrire des articles pour le seul fait d’en écrire, si je n’ai rien de spécial à dire. Et il est difficile de savoir d’avance (surtout hors d’un cadre « j’ai déjà lu d’autres livres de cett autaire, c’est toujours un hit pour moi »).
Mais j’ai lu le résumer de La grande verdure, et j’ai su de quoi ça allait parler, et que j’aurais envie d’en parler aussi.
Comment faire communauté quand on est traumatiséés, et qu’on invente des règles en fonction de nos traumas ? Quid de ceusses qui ne peuvent/veulent pas suivre ces nouvelles règles ? Est-ce qu’on ne crée pas de nouvelles marges alors ? Une normativité alternative mais tout aussi excluante que celle dont on a voulu s’éloigner ?
(Cette critique est une analyse, elle dévoile donc une partie de l’histoire pour en montrer les enjeux et les thèmes. Mais je fais aussi en sorte de ne pas trop en dévoiler, par exemple en ne révélant pas toujours qui dit quoi, d’où certains passages qui apparaissent entre crochets dans les citations parce que j’ai tronqué les parties qui selon moi spoilaient des bouts qui pouvaient être laissé à la découverte.
Si vous préférez vous faire votre propre avis d’abord : mon avis rapide est que ce roman est vraiment chouette, et je vous conseille d’y jeter un œil. Il sort le 4 septembre 2025)

Se protéger
« Le cactus […] pour la conservation et le protection de l’eau »

Commençons donc par ce qui m’a sauté aux yeux dès la quatrième de couverture. C’est un motif somme toute courant, dans le post-apo : après l’effondrement (ou à la marge d’un effondrement en cours), les gens essaient de se réorganiser en communautés. Iels essaient de construire un monde d’après qui soit différent du monde d’avant. Qui soit mieux. D’aucun osent même parler d’utopie.
L’argumentaire du livre compare La Grande verdure à Tabor (Phoebe Hadjimarkos Clarke) ou Viendra le temps du feu (Wendy Delorme). Je n’ai lu aucun des deux mais je n’ai pas de peine à situer. Il se trouve que j’ai tendance à préférer les références un peu plus optimistes. Je pense à Subtil béton (Les aggloméréés), Bâtir aussi (L’antémonde) ou Résolution (Li-Cam, issu de la collection Eutopia de la volte, qui justement s’interdit le motif « l’utopie promise n’en est pas vraiment une »)…
Le truc c’est : de base, je n’aime pas tellement les dystopies. J’ai tendance à penser qu’à trop vouloir être hardcore, on perd souvent en subtilité. Et j’aime la subtilité. Celle qui rend le monde complexe. Je pense qu’on a besoin d’apprendre à reconnaître la violence même quand elle ne vient pas avec des gros sabots.
Oui, tout, même les meilleurs intentions, peuvent mal tourner. Et alors?
Est-ce qu’on s’empêche d’essayer, du coup ?
Bref, je ne m’intéresse pas en soi à l’idée d’une utopie qui ne marche pas tant que ça.
EN REVANCHE, je m’intéresse beaucoup à l’idée qu’un projet de monde meilleur puisse échouer spécifiquement parce qu’il a été pensé par des gens traumatiséés qui n’ont pas bossé sur leurs traumas. Parce que les milieux féministo-queer du présent sont pensés par et pour des gens qui ne bossent pas sur leurs trauma, et que c’est un problème dont j’aimerais qu’on puisse parler.
Le vrai sujet, ce n’est pas « la dureté du monde qui met les bonnes idées en échec » en soi. C’est le trauma. Qu’est-ce qu’il produit ? Comment il nous biaise ? Comment il finit si l’on n’y prend pas garde par nous faire reproduire les violences-mêmes qu’on voulait éviter ? Comment on travaille dessus pour qu’il ne nous empêche pas d’accéder au bonheur ?
C’est des questions sur lesquelles je travaille beaucoup dans mes propres écrits en cours, et que je recherche dans mes lectures.
Alors forcément, j’ai tout de suite repéré l’enjeu dans La Grande verdure. Car c’est précisément de cela qu’il est question.
Sur la terre rendue aux tempêtes de poussière et aux crues, la grande verdure est une communauté [qui s’organise] contre les risques du débordement d’émotions.
[En colère] contre ces protocoles et précautions, [Lierre] part. Dans les bâtiments qu’elle croyait abandonnés, elle se heurte à […] toutes les vies que la grande verdure ne sait plus voir.
[…] Lucie Heder renouvelle le réalisme magique pour soigner […] les humaines traumatisées.
[extraits choisis de la 4e de couv]
Des évènements ont changé la face du monde. On n’en sait pas grand chose, sinon qu’ils ont été l’occasion d’un nouveau départ, dans un nouvel environnement fait de poussière et de coulée de boue, de pollution, et de reste de bâtiments sur lequel s’est implanté la communauté de la grande verdure.
Cet évènement a créé un traumatisme collectif commun à toute la grande verdure (et à toutes les personnes susceptible de la rejoindre, en réalité. Car quiconque a survécu à la fin du monde… a du assister à ladite fin)
Or puisque tout le monde est touché, il ne reste personne pour aider à prendre du recul, à trier entre ce qui est vraiment un danger, et à ce qui nous donne un faux sentiment de danger (parce qu’on est resté en mode alerte, ou parce qu’on est activé par quelque chose d’en soi assez insignifiant). Quand la norme est de ne pas aller bien, qui pour rappeler qu’on est sensé attendre plus de la vie ?
Ce, sans compter cette autre question : quand on s’est (re)construit en tant que victimes d’évènements terribles, qui est-on si on va mieux ?
Comme si le niveau de souffrance supporté avait déjà été largement atteint et que le moindre pincement était inenvisageable. Comme si la douleur connaissait des quotas et qu’une fois les quotas atteints, il fallait tout refermer. J’ai l’impression que ça revient à souffler sur les braises pour garder l’intensité de la souffrance. Que c’est un refus d’envisager que les choses se transforment, s’apaisent, s’étalent, prennent de nouvelles formes. Ça revient à faire de sa souffrance une statue de granit.
[Lucie Heder, La Grande Verdure, p.103]
Dans la grande verdure, ce qui fait peur aux gens, particulièrement, c’est les grands débordement d’émotions. C’est vrai que cela fait peur : quelqu’un qui crie, quelqu’un qui pleure, quelqu’un qui déborde. Dans la vraie vie aussi, cela fait partie des premières choses qu’on essaie de contrôler : exiger des autres qu’iels aient le bon ton, les bons mots.
Avoir des émotions qui se voient, c’est devenir une menace pour les autres. C’est du moins ainsi que c’est perçu, et puisque tout le monde s’accorde sur cette perception, c’est aussi être antisocial : contrevenir à la règle.
Ne t’autorise pas à ressentir. Offre plutôt des fleurs qui disent à ta place. On saura que tu es en colère, et on pourra le prendre en compte, sans avoir à la regarder en face. Il y aura un zinnia rouge, et ce sera suffisant pour qu’on comprenne.
C’est pour ça que nous devons êtres plus exigeantes. Nous ne pouvons pas nous permettre de mal nous parler, nous ne pouvons pas subir les émotions des autres. Ce n’est pas pour rien que nous les avons codés avec des plantes. Nous ne pouvons pas nous infliger les débordements des autres.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.71]
Les plantes aident à créer un cadre dans lequel les personnages se sentent « safe »
Mais un cadre dont on ne peut jamais sortir, c’est une prison.
À la longue, ça n’aide pas. Ça bloque.
Vous allez me dire que les plantes ne régissent pas les discussions en elles-mêmes, qu’elles régissent les émotions. Qu’elles nous permettent de ne pas nous envahir, de ne pas nous blesser les unes les autres. Regardez tout ce qu’on a traversé, tout ce qu’on a subit, on n’est même pas capable de se raconter nos premiers moments du temps des évènements. On a tout gardé là-dedans. On est combien à avoir des phrases coincées dans la gorge ?
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.34]
Ce cadre-là, l’héroïne Lierre Hélix n’en peut plus, et comme elle est la seule à le dénoncer, elle part.
Car le cadre est maintenu, et les personnes qui incarnent le plus le maintient de ce cadre sont les Cactus : un des quatre logis de la grande verdure (d’après lequel ses membres sont nommées et tatouées sur le front).
Le cactus est une plante du désert, adaptée aux conditions les plus arides. Il peut conserver l’eau dans sa tige pour survivre plusieurs mois sans pluie.
C’est une plante de survie.
Et en même temps, ça ne veut pas dire qu’il est adapté partout. Il a besoin de beaucoup de soleil (assez pour cramer les autres plantes). Si on le met à l’ombre, où les fraises des bois s’épanouiraient, il dépérit.
Ce que je veux dire c’est : les outils du cactus, ceux-là même qui ont permis de survivre pendant la crise, ne sont plus forcément adaptés une fois la crise passée. Mais c’est tout un travail de s’en apercevoir. Comment en effet renoncer aux précautions qui nous ont permis de rester en vie ?
Comment renoncer à ses épines ?
Les Cactus sont tellement attachées à leur mode de communication via les plantes, qu’elles cherchent des manières de l’automatiser : pour s’assurer que jamais la grande verdure ne réapprenne à exprimer spontanément ses émotions.
C’est dans cette optique qu’elles nouent un partenariat avec survitech, des voisines à qui elles ont aussi commandé des drones de surveillance, pour garder les inconnuus à distance (une autre manière pas saine de garder un sentiment de contrôle et de sécurité).
L’idée de Cactus dans sa discussion avec survitech autour du prototype était-elle d’extraire les émotions une bonne fois pour toute, de les voir devenir quelque chose d’extérieur à la personne qui les ressent, quelque chose d’identifiable à la fois par la personne émettrice et réceptrice ? On se débarrasserait ainsi d’un seul coup du problème de la sensation et de l’identification, pour passer à la simple reconnaissance. C’est de la colère ? Très bien, avançons sur cette base selon les règles que nous avons établies ensemble. [Ortie et moi en venons] à penser que c’est l’ensemble du logis des Cactus qui est à l’origine de la demande du prototype.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.185]

Explorer
« Lierre […] pour le déplacement en survie et l’exploration »

Le problème des normes, c’est qu’elles créent des marges. Des gens qui ne cadrent pas. Toute la question alors est de savoir comment ces marges vont être prise en compte.
Ce qui ne cadre pas, à la grande verdure, c’est la colère de Lierre Hélix.
Lierre, comme son nom l’indique fait partie du logis des Lierres : celles qui explorent au delà des limites de la grande verdure. Rien que dans sa fonction, elle est amenée à voir ailleurs.
Mais le Lierre, ce n’est pas qu’un logis, c’est aussi une des plantes que les habitantes de la grande verdure s’offrent pour cadrer leur conversation : c’est celle qui dit « je ne sais pas quelle plante convient, est-ce qu’on peut parler et aviser de la tournure que prennent nos échanges ? »
Avec l’expérience, nous avons bien vu qu’il fallait souvent discuter avant de trouver la plante adéquate. nous avons même fini par attribuer une plante à cette situation. Le lierre, qui peut passer toute sa vie à chercher la lumière.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.188]
Ce qui est intéressant avec Lierre, c’est qu’elle n’a pas spécialement de réponse.
En fait, les reproches légitimes qu’elle adresse à la grande verdure se mélangent avec d’autres qui le sont beaucoup moins. Tout ce qu’elle sait, c’est que quelque chose ne va pas : elle est en colère, et elle veut pouvoir le montrer, pas attendre que la plante associée à la colère ait finie de pousser pour qu’elle puisse dire calmement des choses qui auraient besoin de déborder.
Elle finit par le reconnaître, du reste :
— J’ai eu la vue courte. J’ai été aveuglée par mes émotions. C’est peut-être parce que la communication par les plantes m’a mise en échec, parce que je n’y arrivait pas, qu’il a fallut que je parte pour aller au vout de ma colère. je ne comprenais pas que la grande verdure était loin d’être une seule chose.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.188]
Mais même après l’avoir admis, elle continue de fuir chaque fois que les choses ne se passent pas exactement de la manière dont elle voudrait qu’elles se passent.
— C’est pas comme ça que ça devait se passer, je murmure.
[Mes compagnons] me regardent en fronçant les sourcils.
[…] Ortie se lève et s’approche de moi.
— Lierre, tu te rappelles ce sur quoi on s’est mises d’accord hier […] ?
Je le regarde mais je suis vide […]— Laisser aux gentes le temps de réfléchir et se laisser à soi-même le temps d’accepter ce qui change, Lierre. Tu te rappelles ? Prendre le temps de traverser chaque nouvel évènement. Ne pas figer chaque nouvelle chose dans l’éternité.
J’enlève sa main de mon épaule. J’ai envie de pleurer mais je me sens incapable de faire autre choses que crier. je vois bien que crier n’a pas l’air d’être la réponse adaptée. mais je crie quand même.
— Laissez-moi tranquille !
[…] Je ne peux pas rester ici.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.199]
En un sens, son comportement n’est fondamentalement différent de celui qu’elle reproche à la grande verdure d’adoptée : elle aussi est traumatisée, pas seulement par les évènements du grand début, mais par les années qu’elle a passée à devoir contenir ses émotions dans des fleurs.
On pourrait lui appliquer exactement le reproche qu’elle fait à ses compagnes :
Comme si le niveau de souffrance supporté avait déjà été largement atteint et que le moindre pincement était inenvisageable. Comme si la douleur connaissait des quotas et qu’une fois les quotas atteints, il fallait tout refermer. J’ai l’impression que ça revient à souffler sur les braises pour garder l’intensité de la souffrance. Que c’est un refus d’envisager que les choses se transforment, s’apaisent, s’étalent, prennent de nouvelles formes. Ça revient à faire de sa souffrance une statue de granit.
[Lucie Heder, La Grande Verdure, p.103]
Elle aussi a finit par intégrer dans sa personnalité toutes les fois où elle a été victime, et c’est en victime qu’elle continue de réagir, même dans les situations où elle n’en est pas une. Elle se sent incomprise en permanence, même quand elle est écoutée. C’est visible notamment dans cette scène de dispute entre elle et Ortie (où elle lui reproche de vouloir contrôler sa vie et décider à sa place, alors qu’à mon sens il essaie juste de lui partager ce qu’il sait pour qu’elle puisse prendre ses propres décisions de manière éclairée) :
— Je n’apprécie pas trop qu’on me dise quoi faire. Je pensais que tu t’en étais rendu compte, depuis le temps.
— Je n’ai pas l’impression de te dire quoi faire. Je connais Sable depuis bien plus longtemps que toi et je pensais que tu trouverais ça pertinent de m’entendre parler de ce que je pense possible en terme de cohabitation.
[…] — Surtout ne fait pas des grands discours sur la manière dont Sable s’exprime, et encore moins devant elle. C’est très indécent. Fais attention à ce que tu fais, Ortie. […] Tout ce que j’essaie de voir, c’est si quelque chose est possible. Pourquoi tu ne veux pas juste attendre et voir ? Pourquoi est-ce qu’il faut toujours décidé de quelque chose, décider d’une manière de faire, décider d’une manière de vivre ? Pourquoi tu ne nous laisse pas Sable et moi attendre et voir ce qui se passe ?
[…] — Tu ne vois pas que c’est exactement ce que je suis en train de faire ? Tu as disparu au beau milieu de notre [dernière] conversation et je ne suis pas venu vous voir pendant deux semaines. Je ne suis même pas allé voir Sable dans les endroits où je savais que je pourrais la trouver seule. Je vous ai toutes laissé voir et attendre.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.92]
Elle aussi confond les violences avec des éléments qu’elle y a associé, ce qui la rend réfractaire à tout ce qui est scientifique (alors que vraiment le problème ça n’a jamais été la science ou la technique, mais les motivations qui la guide. C’est un de mes chevaux de bataille et ça mériterait un article à part entière : mais la question c’est « qui pose le cahier des charges, et à quelles fins ? » pas « oh mon dieu des gens essaient de réfléchir au monde qui les entoure et de trouver des solutions aux problèmes qu’on leur présente ». Le problème ce n’est pas l’idée des machines en soi, c’est leur finalité)
Vous perpétuez la belle tradition de la science, vous continuez de jouer avec le feu ? Mais les machines ce n’est pas le futur en fait, vous n’avez rien compris ! Les machines c’est le passé !
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.162]
(NB : tiré de son contexte on pourrait se dire que Lierre est saoulée de la forme particulière de science qui joue avec le feu, et pas de la science en générale. Mais en réalité : elle critique la machine à matérialiser les émotions, dont elle même reconnait que « ça ou les plante, finalement, c’est du pareil au même » (p.169). Pourtant, la conclusion à laquelle elle semble arriver avec Ortie reste que les plantes peuvent être un outil, tant qu’il n’est pas rendu obligatoire : continuer à s’en offrir, tout en « s’offrant la latitude de ne pas le faire » (p.187). Alors que la machine est dangereuse de manière intrinsèque « que nous soyons là pour l’utiliser ou non » (p.187), au point qu’il faut « cesser de croire que nous pouvons garder le contrôle sur ce genre d’initiative. Elles finissent toujours par échapper à toute forme de contrôle » (p.187). Alors que vraiment dans la pluralité des manières de gérer les émotions, je n’ai pas de mal à imaginer un usage thérapeutique à la machine : aller dans la salle de la machine-à-émotion pour nous aider à identifier celles qu’on n’arrive pas à identifier parce qu’on les a enfouit trop profondément et qu’on arrive plus à les ressentir ni donc à les exprimer : ni avec des fleurs, ni avec des mots, ni avec son corps)
Littéralement trois pages avant la fin, on est encore à lui dire « il va falloir que tu arrêtes de fuir et que tu te donnes un peu les moyens d’écouter un peu. De mon côté, j’essaie aussi de me donner les moyens de t’entendre » (p.209 sur 211)

Prendre soin
« Consoude […] pour le soin de la communauté »
Parce qu’à la vérité : Lierre est entendue.
Pas absolument, pas par magie, pas tout de suite. Elle continue de se sentir incomprise, et elle l’est sûrement, en grande partie.
Je ne vois pas les mêmes choses. Les mots ne suffisent pas pour leur faire voir ce que je vois, de mon côté je ne verrai jamais ce qu’elles voient non plus, car la différence entre nous se matérialise enfin. […] Les plantes n’offrent pas de remède. Vous me direz qu’elles aident, dans le sens où elles posent le cadre émotionnel de la communication. Qu’elles aident à se prémunir des émotions. Mais elles ne nous protègent pas de l’incompréhension, si ce n’est le travail peut-être, le travail de l’écoute, une sculpture de l’oreille et du corps, une posture toujours à redéfinir.
[Avec Sable] je touche des manières de communiquer qui ne s’arrêtent ni aux codes, ni aux postures, ni aux mots, et je sens pointer une façon de vivre et d’être avec les autres qui me convient mieux que ce que je vis à la grande verdure. À la grande verdure, j’ai l’impression d’être enfermée dans une cathédrale faite d’outils qui ne me conviennent pas.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.115]
Mais elle est entendue, au sens où ses compagnes prennent le temps de l’écouter, et acceptent de mener des réflexions difficiles en fonction de ce qu’elle dit/fait. Les mots de soutient viennent même de tout en haut : de celle qui est le cœur de la communauté, qui porte sur son front les quatre tatouages des quatre logis de la grande verdure : Amande.
— Helix, tu m’as demandé tout à l’heure pourquoi on ne vous laissait pas juste vivre [à votre façon]. J’aimerais que tu aies confiance dans le fait que c’est quelque chose que nous sommes en train de construire ensemble, ici et maintenant. Ce n’est pas quelque chose qui se fabrique en un claquement de doigt. […] Merci de tracer le chemin que tu traces, ma chère Hélix. Je crois que je me réjouis du nouvel endroit où il va nous mener.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.128]
L’enjeu principal du livre, ce n’est pas tant amener l’envie de communiquer : elle est déjà là. C’est plutôt : trouver des manières de se comprendre quand on a des modes de communications diffèrent.
Je retourne dans tous les sens la question du langage. Enfin, je ne sais pas si c’est tant la question du langage que du dire. De peur de se heurter en communicant, de peur d’être noyées sous les émotions de l’autre, nous avons sacralisé le moment du dire et nous l’avons remplacé par un objet.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.74]
En un sens, avant même le premier chapitre, quand Lierre à décidé de partir, et d’ainsi montrer sa colère et sa frustration autrement qu’avec des plantes, elle a brisé le tabou des émotions. Il n’est dès lors plus possible de faire comme si, grâce aux plantes, les émotions pouvaient continuer d’être contenue par toutes, tout le temps. De fait : elles débordent.
Or, à la grande verdure, les règles ont beau être fortes, l’envie de rester une communauté soudée l’est plus encore.
Si une membre s’en va, la priorité est de comprendre pourquoi, et que faire pour satisfaire au mieux tout le monde. Évidemment, ça renforce le sentiment de Lierre d’être incomprise, puisqu’elle veut juste de l’air. Mais c’est quelque chose.
Ce n’est pas pour rien que le premier logis de la grande verdure est celui qui soigne : les Consoudes.
Une plante qui, littéralement, renvoie à l’idée de réparer ce qui est brisé : dans l’antiquité, elle était utilisée pour accélérer la consolidation des fractures, d’où son nom.
C’est au travers d’Amande, qui est aussi Consoude, puisqu’elle est le point de liaison entre les quatre logis, que Lierre arrive à retrouver un peu de calme et de sérénité, qu’elle se rappelle les principes avec lesquels elle était d’accord.
— [Dans le monde d’avant, les] mots étaient profusion, perpétuel enjeu de pouvoir, cacophonie incessante. […] Mais l’accès aux mots et à leurs moteurs, l’accès aux flammes qui les rendaient audibles était difficile. On pouvait passer sa vie à parler, entourée de monde, sans jamais être écoutée, sans jamais être entendue. Nombreuses étaient celles qui se drapaient dans leur silence comme dans une bannière. D’autres s’enfermaient dans des gangues de mots, espérant ainsi être lues, être reconnues. Les paresseuses achetaient des guirlandes de mots toutes faites et les faisaient tourner en boucle autour de leur tête. Gare à celles qui gardaient trop longtemps une guirlande devenue indésirable. Car comme les objets, comme les personnes, les mots étaient soumis à ce qu’on appelle la mode.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.126]
Je suis d’accord aussi : les mots, c’est compliqué. Être entenduu l’est plus encore, surtout quand on veut exprimer autre chose qu’une guirlande à la mode (et oui, j’ai mis l’extrait en entier parce que j’aime le tacle aux motamoteuses xD).
Et c’est à partir de là qu’elles peuvent commencer à réparer : observer ce qui ne marche pas, ou qui ne marche qu’en théorie, et proposer une solution alternative qui ne soit pas « faire comme si les problèmes précédents auxquels la communication par plante était sensée pallier n’existaient pas/plus ».
— Par les plantes, toutes sont écoutées de la même manière. […] Chaque personne, quelle que soit sa capacité à parler et à s’exprimer, dispose d’un cadre formel qui lui garantit d’être entendue.
— Mais ça, c’est la théorie, Amande. [Parfois] je me demande s’il ne faudrait pas accepter que la vie est injuste et que nous ne sommes pas égales, et à partir de là, vivre en essayant de fabriquer le plus d’amour possible autour de soi.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.127]
Prendre soin, réparer, c’est prendre le temps qu’il faut pour se comprendre. Accepter que ça prenne du temps, que les bonnes intentions ne suffisent pas, qu’il faut pouvoir utiliser des outils différents selon les personnes et les moments car aucun ne marche absolument en toute circonstance, que des compromis soient nécessaires.
Or, comme établi dans la partie précédente, à ce niveau, c’est peut-être Lierre qui a le plus de travail à faire.
Car certes, la grande verdure a un système rigide qui ne laisse pas assez de place à la spontanéité. Au « mou » comme dit Lierre (p.116), aux « paroles intempestives » (p.116). Et c’est un vrai problème, qui méritait d’être abordé, et ça n’aurait pas du prendre sept ans et qu’une personne (Lierre donc) arrive au bout de ce qu’elle peut supporter.
Mais Lierre, elle, prend carrément la fuite. Et elle a beau s’en défendre (p.116), c’est quand même un refus de communiquer de sa part (ce qui au demeurant n’est pas non plus un problème en soi : c’est sain de pouvoir poser ces limites et de dire « non, là, ça sert à rien, on ne va pas parler de ça parce que les conditions qui permettraient à cette conversation d’avoir lieu ne sont pas réunies », mais au même titre que la grande verdure, c’est un problème quand ça devient son seul mode de réaction, que ça l’empêche de voir qu’elle a des alliées, et qu’elle n’est de toute façon « pas sûr d’avoir la force de mettre les choses en place pour que [le changement qu’elle exige] ait lieu » (p.116) : c’est elle, en définitive, qui ne veut pas faire l’effort de réparer)

Équilibrer
« Ortie […] pour l’équilibre alimentaire »

Tout ça contribue à faire de La Grande verdure un roman très rugueux : il est raconté par un personnage plein de défauts et de biais qu’elle garde jusqu’à la toute fin du livre.
Quand j’ai reposé le livre, j’ai passé un moment à me demander « attends, est-ce que je suis vraiment d’accord avec ce que je viens de lire ? »
Il a fallut que je dorme dessus pour réaliser qu’en réalité : la narration ne donne pas tellement raison à Lierre, ce même-ci c’est elle qui parle, qui conclue, et que les autres personnages tirent des leçons de ses prises de positions.
Par exemple : Lierre déteste la machine construite par servitech pour matérialiser les émotions. Mais si les autres personnages semblent aussi s’accorder sur l’idée de la démanteler (ou carrément d’y foutre le feu), cela ne signifie pas qu’iels rejettent l’ensemble de survitech et de leur goût pour la technique. Au contraire, avoir eu à gérer le conflit autour de la machine-qui-matérialise-les-émotions semble être le point de départ à partir duquel les unns et les autres décident d’apprendre à ce connaître vraiment. Avant, il y avait un échange de matériel, mais aucun lien humain. Ensuite, des journées sont organisées pour se rendre visite mutuellement.
Lierre est toute seule à refuser d’y participer (elle veut bien accueillir, mais pas aller chez survitech).
Il n’y a que Lierre pour qui l’idée de la science semble en soi mauvaise. Les autres peuvent voir qu’à survitech personne ne tient spécialement à la machine, juste à la possibilité d’en construire, et qu’à partir de là, elles seraient sûrement ravies qu’on les mettes au défit de construire des choses plus utiles.
Sable explique :
— J’ai mieux compris survitech en discutant avec [un de leur membre]. Elles ont besoin de fabriquer des choses pour se sentir exister et ne savent pas comment se comporter avec les autres humaines. Elles sont un peu comme moi, en fin de compte.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.196]
Ce qui est marquant, ici, c’est aussi qui est la voix de la raison.
Je n’ai pas encore parlé de Sable, qui vit cachée en dehors de la grande verdure depuis sa création, et que Lierre rencontre après avoir quitté la grande verdure (dans le chapitre un, donc).
J’ai dit que personne n’avait un mode de communication vraiment fonctionnel dans cette histoire. Ni la grande verdure (qui se cache derrière les plantes), ni survitech (qui se cache derrière des technologies en mode gros autistes), ni Lierre (qui se cache tout court en s’en allant).
La seule qui ne se cache pas, c’est Sable.
En même temps, sa manière de communiquer ses émotions est celle qui est le plus susceptible de choquer le lectorat que nous sommes : elle implique son corps, initie et prolonge des contacts physiques avec des gens pas forcément partants.
Je voulais vous mettre la scène de rencontre entre Lierre et Sable, dans le tout premier chapitre, pour que vous puissiez juger. Mais c’est trop long. Alors disons pour résumer : ça commence avec un corps à corps et ça finit en coït tout habillé. Ensuite seulement elles s’échangent leurs prénoms. Toute la transition se fait dans le non verbal, avec des gestes, des expressions, des regards.
Sable, c’est l’archétype de la personne qui, dans la vraie vie, se ferait immédiatement exclure et harceler par le groupe parce qu’elle est trop bizarre, trop envahissante, trop tout. Inquiétante. Une menace en puissante. Surtout aux yeux d’un groupe tellement effrayé par ses propres émotions qu’il les a remplacé par des plantes.
En plus, elle a des malus. Du genre : même si elle ne faisait rien de spéciale, elle dérangerait.
Parce qu’elle est trans.
Je sens un sexe gonflé derrière un caleçon mi-long en coton informe qui couvre des jambes épaisses. Je la laisse se frotter contre moi et je nous roule et nous enroule. Les yeux rient et je me fais piqueter de partout par une petite langue pointue. […] Accrochée à la tunique large, je suis traversée par un éclair et je ferme les yeux l’espace de quelques secondes. Quand je les rouvre, je suis couchée en chien de fusil, le buste aligné dans la diagonale du ventre et du sein. J’ai la tête proche de sa tête.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.16, on nous dit aussi que Sable à une mâchoire carrée, des cheveux long, une moustache, un unique sein, etc]
Parce qu’elle est noire.
La peau est lisse et brune.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.14]
Parce qu’elle est folle
— Nous [dit-elle] on était les fous. Ceux et celles qui sont restées ne nous supportaient pas. Ils ne venaient même pas nous voir. Il y a eu quelques mois comme le paradis. On construisait, on jardinait, on mangeait les restes de nourriture. On avait l’impression d’être humaines pour la première fois.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.53]
Elle est « trop » à tous les niveaux.
Quand on pense à elle, on s’imagine déjà les gens (ceux qu’elle rencontre dans l’histoire, mais aussi nous les lectaires qui la voyons comme un personnage : comme dit, c’est un livre rugueux) dire qu’elle est problématique, que ses manières d’interagir avec le monde relèvent de l’agression (physique ? sexuelle ? de l’ordre en tout cas de la violation de l’intimité).
De base, on n’imagine pas la cohabitation possible avec la grande verdure.
Et pourtant.
C’est peut-être la preuve ultime que les habitantes de la grandes verdures ne sont pas aussi engoncées dans leurs règles que Lierre le pense : elles le sont, mais elles sont prêtes à changer et à se remettre en question quand on les y pousse.
Il faut qu’on les y pousse, cependant.
Or a priori, les personnages, et le personnages d’Ortie en particulier, n’envisagent pas plus que moi que les choses puissent bien se passer entre Sable et la grande verdure : quand la grande verdure est venue s’installer dans la région où il vivait avec Sable (l’un est l’autre étant les deux dernier habitantts restant d’une ancienne résidence thérapeutique), Ortie a décidé de les rejoindre sans elle. De maintenir au contraire son existence secrète.
C’est Lierre, en quittant la grande verdure, qui vient remettre cela en question.
Et si je ne la trouve pas juste quand elle reproche à Ortie de vouloir décidé pour elle avant de la laisser essayer et faire ses erreurs, c’est un reproche qui devient très pertinent quand il s’étend à Sable : même si la décision venait aussi d’elle (ce qui n’est jamais dit, mais ne me semble pas impossible vu la propension de Sable à faire ce qu’elle veut, et sachant qu’elle-même ne tient pas Ortie pour responsable), c’est une décision qui l’a exclue de fait, elle qui semble avoir tant besoin de contact (littéralement) humain.
Sept ans à vivre seule pour échapper au risque d’un rejet brutal, c’est quand même cher payé.
Surtout quand la cohabitation s’avère possible.
Ne pas essayer, c’était une erreur. Une erreur qui finira par être reconnue. Et c’est ça, à mon sens, qui fait d’Ortie le véritable personnage principal de ce livre : c’est lui qui a la plus grande évolution entre le début et la fin du texte, qui a la plus grosse remise en question (les autres admettent que leurs modes de fonctionnement étaient imparfaits / à améliorer / à ouvrir, pas qu’ils étaient des erreurs à ne pas reproduire).
— J’ai commis beaucoup d’erreurs [dit Ortie]. J’ai vécu en taisant l’existence d’une des personnes que j’aime le plus au monde. Je suis parti du principe que les choses n’étaient pas possible avant même d’essayer. J’ai aidé Sable à se cacher car je pensais qu’elle serait trop pour la grande verdure. Je voyais le trop comme quelque chose qui bouche et non comme quelque chose qui agrandit. Je n’ai pas vu tout ce qu’elle pourrait apporter à la grande verdure parce que j’avais peur.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.187]
Les gens de la grande verdure ne comprennent pas vraiment Sable, mais sont disposés à essayer. Elles croient Lierre quand elle affirme avoir entraperçu avec Sable de nouvelle manière de communiquer, une issue, peut-être, à son sentiment de ne pas réussir à le faire d’une manière qui la satisfasse.
Je disais au début de cet article que c’est dur de renoncer aux outils qu’on a mis en place pour survivre, surtout quand il n’y a personne pour nous faire prendre du recul.
Or ce recul, c’est Sable qui l’a.
Pas parce qu’elle va bien.
Mais parce qu’elle était bizarre avant que le monde ne s’effondre, quand il y avait encore des gens pas trop trauma desquels apprendre à quoi ça ressemble, une vie équilibrée. Si on apprend à le faire, le recul sur sa propre vie, sur ce qui est un danger et ce qui est juste malaisant, on peut l’avoir soi-même. Sable a apprit. Probablement qu’elle n’a pas eu trop de choix.
Alors c’est elle qui peut répondre, quand Lierre lui demande :
— Pourquoi les gentes ont aussi peur des émotions ? […] Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas juste à les faire sortir et à les regarder en face, sans pour autant les faire disparaître ?
Sable est couverte d’une fine bruine.
— J’imagine que les gentes testent des manières d’accueillir ce qu’il y a de plus difficile à accueillir.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.169]
Et c’est elle qui finit par poser les bonnes questions :
— Et toi, Lierre, elles sortent comment, tes émotions ? Elles vivent comment ? me demande-t-elle.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.171]
Ce livre, au final, il est un peu à l’image du dernier logis de la grande verdure : Les Orties.
C’est une plante réputée d’abord pour ses propriétés urticantes. Les feuilles sont couvertes de petites pointes de Sable (enfin, de silice) qui se brise au contact de la peau, et libère un cocktail de substances qui grattent.
Mais c’est aussi une plante comestible.
Quand j’étais petite, la soupe aux orties était ma préférée. Ce n’était pas tellement parce qu’elle était meilleure que les autres. C’était parce que je suis fan de l’idée de manger une soupe faite avec ces feuilles qui irritent nos bras et nos jambes quand on les effleure par inadvertance, mais qui ne font rien à ma langue ni à ma gorge quand j’en avale toute une assiette.
C’était un plat magique qui satisfaisait mon envie de jouer aux sorcières.
Dans La Grande verdure, les Orties sont associées à la nourriture : leur logis est en charge de l’équilibre alimentaire de la communauté. C’est aussi des galettes d’orties que Sable offre à Lierre pour la nourrir maintenant qu’elle a fuit la grande verdure (et donc ses réserves).
Au final, j’aime La grande verdure un peu de la même façon : non pas à cause, mais par sa rugosité.
(Rugosité qui s’applique aussi à la forme, btw : il n’y a de retour à la ligne que pour les dialogues, si bien que les paragraphes peuvent durer plusieurs pages voir un chapitre entier (genre le chapitre VIII))
Ça dit qu’un livre peu exister en étant inconfortable, qu’il est possible de faire exister des vérités qu’on a trop tendance à ne pas vouloir entendre.
Ça dit que la solution à nos problèmes viendra peut-être de cette meuf trans, noire, et folle, qui se colle à toi en permanence parce qu’elle est touched deprived et qu’elle n’a pas intégré qu’on ne pouvait pas entrer comme ça sans prévenir dans l’espace vital des autres.
Dès mon arrivée dans la jarre commence le récit nocturne de Sable. Tout du long, elle est en train de me toucher quelque part. Dès que je me mets en retrait, que ce soit machinalement ou consciemment, elle revient au contact. Parfois elle tient mes deux mains. Parfois elle part dans des jeux d’ombres avec ces mains et se penche sur mon dos pour effleurer mon ventre. parfois je me lève pour marcher et elle m’accompagne dans mon mouvement, à quelques mètres de distance, jusqu’à ce que je me fatigue et que j’accepte qu’elle me rattrape.
[Lucie Heder, La Grande verdure, p.75]
Mieux : ce n’est pas malgré ces aspects envahissants que Sable s’avère un atout pour la grande verdure, c’est grâce à eux.
Elle est problématique selon les critères contemporain du féminisme. En tant que personnage, elle est « une mauvaise représentation » de la transidentité.
Mais elle est le genre de mauvaise rep dont on a besoin. Celle qui dit « t’es sûre que je suis vraiment un problème ? Est-ce que t’aurais pas plus à gagner à m’accepter qu’à me rejeter ? »
Alors merci la volte, et merci Lucie, c’était chouette !
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@plume Ah, l'angle mort qui me gêne constamment serait donc ici en vie ! Et du trauma partout… Bon bon bon, ça risque bien de me plaire (surtout que j'aime la dystopie, pour ma part), Merci pour la critique (pas lue en entier, j'y reviendrai après ma lecture). Dire que je me serais peut-être bien bêtement laissée rebuter par le titre autrement 🙄
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@plume article très intéressant, comme toujours – mais j'en suis toujours à me demander si ce bouquin est fait pour moi… Il y a plein de choses qui m'intéressent dedans, mais je me demande si, de ce que je perçois de l'histoire, une novella n'aurait pas tout autant fait l'affaire qu'un roman… Ou bien aucun mot n'est de trop ?
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